Le musicien passé pro dans l’art du
mashup sort un album original composé entièrement de vidéos d'inconnus
tirées de YouTube.
Le "mashup" serait-il en train de devenir un art à part entière ? En France, le Forum des Images consacre déjà un festival à cette forme de montage créatif qui consiste à s’approprier et détourner des vidéos existantes pour en faire une nouvelle œuvre. Prisé des cinéphiles, le genre se prête aussi aux remix de chansons les plus improbables.
Kutiman est l’un des génies de la discipline. Depuis 2009, ce compositeur israélien de 32 ans produit des morceaux originaux à partir d’extraits de vidéos de musiciens et chanteurs amateurs piochées sur YouTube. Avec plus de 8 millions de visionnages, ses compositions musicales ont tapé dans l’oreille des internautes. Il est même actuellement numéro un sur la plateforme de vidéos en ligne, ce qui lui a également valu d'être distingué par le prestigieux "Time Magazine" dans le classement des "meilleures inventions de l’année".
A tel point que Kutiman s'apprête aujourd’hui à sortir un album entier, "Thru you too", entièrement composé à partir de ses montages, à découvrir gratuitement en ligne dès le 1er octobre. "Give it up", premier extrait du projet est ainsi constitué de plus de vingt vidéos indépendantes. Le résultat est une perle aux accents blues qui a déjà fait le tour du web et séduit près d’un million de mélomanes.
Nous avons contacté le musicien pour tenter de percer ses petits secrets de fabrication.
Comment procédez-vous pour la recherche de vidéos et le montage ?
Je suis musicien mais, pour cet exercice, je ne joue pas, je me contente d’assembler les pièces comme un puzzle. Pour créer les six chansons de l’album, ça m’a pris trois mois environ. Je travaille en même temps sur la recherche des vidéos et sur le montage. Souvent, je cherche une rythmique particulière, alors je vais taper "funky base" par exemple dans le moteur de recherche de YouTube. Parfois, je tombe par hasard sur une vidéo et j’en retiens un élément. Mais à chaque fois, je procède différemment selon mes trouvailles. Je peux commencer par un piano, ou une voix, mais la base c’est souvent une vidéo qui m'a plu, avec laquelle j’ai envie de faire quelque chose de nouveau. Je mets un point d’honneur à ne retenir que des vidéos d’inconnus. Si elle a déjà beaucoup de visionnages au compteur YouTube, je ne la garde pas.
Avez-vous été contacté par les inconnus qui figurent dans vos vidéos ?
Les retours sur le projet sont incroyablement positifs. Tant de monde me félicite pour ce projet artistique et social.... Les musiciens sont toujours très contents de se retrouver dans une vidéo. La jeune chanteuse de "Give it up" m’a contacté pour me dire qu’elle avait adoré le projet et que beaucoup de gens lui avait écrit pour la féliciter. J’aimerais que ça arrive à tous les musiciens inconnus que je découvre.
Après le succès de vos vidéos, envisagez-vous de développer votre concept ?
Mon album sera distribué gratuitement et c’est bien comme ça. Après tout, ça vient d’internet, donc ça lui appartient aussi.
Je fais ça sur mon temps libre, je ne cherche pas à en tirer profit. C’est juste de l’art.
Je passe beaucoup de temps à découvrir des artistes incroyables sur YouTube, qui m’inspirent beaucoup.
Il y a tellement de talent et de créativité sur internet.
Voir une personne "vraie", dans sa chambre, en train de jouer, c’est très beau et très inspirant à la fois.
Propos recueillis par Elena Brunet, mardi 16 septembre 2014 - Le Nouvel Observateur
Le "mashup" serait-il en train de devenir un art à part entière ? En France, le Forum des Images consacre déjà un festival à cette forme de montage créatif qui consiste à s’approprier et détourner des vidéos existantes pour en faire une nouvelle œuvre. Prisé des cinéphiles, le genre se prête aussi aux remix de chansons les plus improbables.
Kutiman est l’un des génies de la discipline. Depuis 2009, ce compositeur israélien de 32 ans produit des morceaux originaux à partir d’extraits de vidéos de musiciens et chanteurs amateurs piochées sur YouTube. Avec plus de 8 millions de visionnages, ses compositions musicales ont tapé dans l’oreille des internautes. Il est même actuellement numéro un sur la plateforme de vidéos en ligne, ce qui lui a également valu d'être distingué par le prestigieux "Time Magazine" dans le classement des "meilleures inventions de l’année".
A tel point que Kutiman s'apprête aujourd’hui à sortir un album entier, "Thru you too", entièrement composé à partir de ses montages, à découvrir gratuitement en ligne dès le 1er octobre. "Give it up", premier extrait du projet est ainsi constitué de plus de vingt vidéos indépendantes. Le résultat est une perle aux accents blues qui a déjà fait le tour du web et séduit près d’un million de mélomanes.
Nous avons contacté le musicien pour tenter de percer ses petits secrets de fabrication.
Comment procédez-vous pour la recherche de vidéos et le montage ?
Je suis musicien mais, pour cet exercice, je ne joue pas, je me contente d’assembler les pièces comme un puzzle. Pour créer les six chansons de l’album, ça m’a pris trois mois environ. Je travaille en même temps sur la recherche des vidéos et sur le montage. Souvent, je cherche une rythmique particulière, alors je vais taper "funky base" par exemple dans le moteur de recherche de YouTube. Parfois, je tombe par hasard sur une vidéo et j’en retiens un élément. Mais à chaque fois, je procède différemment selon mes trouvailles. Je peux commencer par un piano, ou une voix, mais la base c’est souvent une vidéo qui m'a plu, avec laquelle j’ai envie de faire quelque chose de nouveau. Je mets un point d’honneur à ne retenir que des vidéos d’inconnus. Si elle a déjà beaucoup de visionnages au compteur YouTube, je ne la garde pas.
Avez-vous été contacté par les inconnus qui figurent dans vos vidéos ?
Les retours sur le projet sont incroyablement positifs. Tant de monde me félicite pour ce projet artistique et social.... Les musiciens sont toujours très contents de se retrouver dans une vidéo. La jeune chanteuse de "Give it up" m’a contacté pour me dire qu’elle avait adoré le projet et que beaucoup de gens lui avait écrit pour la féliciter. J’aimerais que ça arrive à tous les musiciens inconnus que je découvre.
Après le succès de vos vidéos, envisagez-vous de développer votre concept ?
Mon album sera distribué gratuitement et c’est bien comme ça. Après tout, ça vient d’internet, donc ça lui appartient aussi.
Je fais ça sur mon temps libre, je ne cherche pas à en tirer profit. C’est juste de l’art.
Je passe beaucoup de temps à découvrir des artistes incroyables sur YouTube, qui m’inspirent beaucoup.
Il y a tellement de talent et de créativité sur internet.
Voir une personne "vraie", dans sa chambre, en train de jouer, c’est très beau et très inspirant à la fois.
Propos recueillis par Elena Brunet, mardi 16 septembre 2014 - Le Nouvel Observateur